samedi 8 janvier 2011

Quatre saisons dans un jardin.

Another Year, de Mike Leigh
 
 
 
 Dans Another Year, il y a un couple : Tom & Gerri ( comme Tom & Jerry oui, et à force "ils s'y font"). Du genre super-couple, marié depuis longtemps, elle psychologue, lui géologue, ou quelque chose comme ça et leur fils Joe qui vient les voir de temps en temps.
Tom et Gerri, donc, c'est le noyau dur de l'atome, le bloc stable.
 
 
 
 
 
Et autour d'eux, une collègue de bureau - Mary, névrosée, un ami d'enfance - Ken, seul, désespéré et obèse. Autant d'électrons instables qu'il faut choyer, qui font semblant d'aller bien mais qui montrent inconsciemment ou consciemment que leur vie, c'est pas le paradis.
 
 
 



Tout ce petit monde évolue devant nos yeux le temps d'une année, quatre saisons, et du jardin de Tom & Gerri que l'on voit se transformer, analogie des transformations relationnelles des protagonistes.



 Le film est sans issue véritable : pas de happy end réelle, pas de suicide ou de fin terrible qui tire les larmes au spectateur. Ce sont des portraits satiriques que tire Mike Leigh, pessimiste vision, par ailleurs. Les personnages sont des caricatures "puissancifiées" des névroses et des petits problèmes de l'humanité. Certaines scènes sont drôles, oui : tout est maniéré, telle une mise en scène de théâtre, si j'ose dire. Les dialogues sont saillants, découpés au scalpel. 
On a vu des photos meilleures, d'autre part, mais la lumière de la saison d'hivers est cependant gérée avec brio. Car la saison d'hivers est la saison d'une mort, et la saison de Mary, qui, esseulée, vient tenter de recoller les morceaux avec sa seule famille de substitution qu'est celle de Tom & Gerri. C'est l'humeur glaciale de cet être désespérée que retranscrit la lumière, mais alors qu'elle se réchauffe le temps d'un repas ( le dernier des cinq auxquels on a pu assister ), l'ambiance qui s'est voulu la même, s'est ternie. Le noyau dur de l'atome s'effrite dans sa générosité. Le film se termine sur un silence, glaciale. Une Mary prenant conscience de sa solitude. Et la famille, bonne sous tous rapports n'a presque plus rien de charmant.




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