mercredi 6 octobre 2010

Parfois, l'imposture relève du génie. J'ai dit "parfois".

//

Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu de Woody Allen


Ah Woody, Woody, Woody ... ! L'homme qui en 44 ans avait réalisé 42 films. Une pellicule perpétuelle, Woody, vous dis-je. Une machine à écrire, une machine à tourner. Alors bien sûr, on l'aime bien Woody, avec ses lunettes, sa dépression et ses phrases bien placées d'un cynisme et d'une auto-dérision surprenants. On lui reconnait un certains talent, une certaine originalité à Woody. Woody a de l'humour, un humour bien à lui. Sa marque de fabrique, en somme. Enfin Woody est un métronome. Ecrire un scénario. Respecter un schéma narratif particulier. Inclure une bonne demi-douzaine de personnages. Les faire se disputer. Montrer le pessimisme des relations humaines. Un peu d'a-moralité ( Oui, "a" privatif ! Pas de morale, s'il vous plait, c'est toujours mieux comme ça ) pour assaisonner tout ça. Et de la folie, il en vaut mieux. Evidemment tout ceci au rythme d'un film par an, environs.
Voilà l'imposture de Woody Allen : Nous resservir sans cesse la même chose en le maquillant un peu ; s'être confectionné une grille type, effacer tout et inventer de nouveaux personnage avec un nouveau récit. Mais garder la grille, garder le modèle. Non, parce-qu'attention, sinon ça ne ressemblerait plus à du Woody Allen. Pour y aller un peu fort, Woody Allen, c'est l'Amélie Nothomb du cinéma. Bon, je reconnais que j'exagère en disant cela. Certes, vu mon aversion pour cet écrivain, autant vous dire que je suis à la limite de m'auto-censurer. Cependant, à la sortie de la séance, oui, je commence à être un peu remontée contre Woody !


Pourquoi, grand Dieu, pourquoi ne fait-il pas un bon film tous les deux ans, plutôt qu'un mauvais sur deux tous les ans ? 


Dans "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu", des couples, des divorces, la peur de vieillir ou d'avancer. Un peu - beaucoup - d'escroquerie pour et par chacun, de l'illusion à n'en plus finir, un narrateur - comme d'habitude, point de vue omniscient et tout le tintouin - et puis quoi ... ? Plus rien ! Ç'aurait pu être alléchant, sauf que Woody, on te connaît trop bien pour te trouver original. Et non, ça ne marche plus ... ! Bien sûr, on se marre ! Evidemment qu'on se marre, parce-que ton humour Woody, on ne te l'enlèvera pas tu comprends. Mais pour ce qui est du reste, pfiouuu : C'est toujours la même chose. ( Et moi qui radote à dire que tu ne te renouvelles pas assez. A croire que c'est contagieux ! ). Avec toi Woody, les personnages même dans la merde, ils ont l'air d'avoir la belle vie. C'est quand même dingue. L'écrivain en mal d'inspiration : il boit des bières, il lit toute la journée, et il mate sa voisine en train de se dé-saper. La vieille qui ne se remet pas de son divorce elle se boit du whisky tranquille et elle a assez de fric pour croire à des balivernes. Le couple qui a pas un rond mais qui a quand même un super appart'. Même les quartiers modestes de Londres ont l'air paisibles et bien entretenus. Même la pluie à l'air d'être la bienvenue ! Et puis finalement tu veux nous laisser dans la merde avec ta fin toute décousue, sur-cadrée en plus sur cette paire de vieux pleins d'illusions assis sur un banc. Et tu crois que c'est original, que ça sert à quelque chose ? On s'en fiche de savoir qu'elle était Jeanne d'Arc et qu'il était paysan, même si ça fait sourire. Woody, revient ! Revient avec une Rose Pourpre du Caire, je t'en prie !


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire